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Jean-Marc Urquidi | Exposition personnelle

25 Sep 2021 - 8 Nov 2021

Nous sommes heureux de vous accueillir pour la première exposition personnelle de l’artiste dans notre galerie. L’exposition réunit une sélection d’œuvres récentes réalisées à l’huile sèche sur papier.

Saisir les choses qui s’enfuient par Henri Guette

Combien de cheveux faut-il dessiner pour obtenir une chevelure ?

Aucun répond Jean-Marc Urquidi qui s’attache à saisir des choses qui s’enfuient. Une masse de cheveux avec ses ondulations, ses reflets, c’est plus que la somme de traits que l’on voudrait rassembler. Si les dreads ont pu faire partie des sujets de l’artiste c’est parmi d’autres choses que l’on ne sait pas dénombrer. Un tas de cailloux, un entremêlement de laine ou un bloc de terre.

Représenter l’indénombrable c’est avant tout observer et faire face à ce que l’on regarde dans son intégralité.

L’enjeu de l’image ne tient pas à un détail mais à un ensemble où tout est montré sans que l’on puisse rien y voir.

La boîte de laine rose (2020) montre son maillage en nous suggérant par la tranche son volume mais sans que cela soit évident. De face on ne voit pas sur quoi elle repose, et ce qu’elle montre au fond, son contenu, on n’y a pas accès. Le peintre revient aux boites de façon régulière ; elles jouent des apparences et illustrent son rapport à l’artifice et à la représentation. Peintre de l’empêchement, pour reprendre la formule de Beckett, Jean-Marc Urquidi est conscient que l’objet de la représentation résiste toujours à la représentation et qu’obtenir une image ne résout rien.

Jean-Marc Urquidi a voulu voir un oiseau dans un bloc de terre. Il a donc commencé par le modeler avant de chercher à le dessiner. Il lui a donné une masse sommairement, lui a ajouté des plumes, juste ce qu’il fallait pour qu’on en reconnaisse l’idée. Les oiseaux d’argiles ont pris forme sur le papier en groupe puis seul ; le problème est que dès lors qu’on reconnaît l’oiseau que l’on a voulu dessiner il nous échappe. Bram van Velde le confiait déjà, le problème de la peinture c’est le voir : “Ma peinture est liée à un phénomène qu’on appelle voir. Mais que veut dire voir alors qu’on ne voit jamais ?”. On n’a pas accès à ce que l’on montre.

Avec ses Oiseaux d’argiles, Jean-Marc Urquidi constate qu’un trait suffit à donner la sensation d’espace, à planter une composition et ces traits, cette plasticité, l’intéressent plus que les oiseaux mêmes. Il revendique une radicalité dans la représentation et finit par figurer les blocs d’argile en eux-mêmes. A une échelle humaine, laisse voir la main qui pétrit et donne forme. Même la technique de l’huile sèche y concourt, rentrant directement dans le papier et faisant corps avec lui.

Chaque sujet de Jean-Marc Urquidi s’accompagne d’un tissage, manière de toujours penser la peinture et de poursuivre le geste dans un entremêlement constant. Le tissage reprend les couleurs et le format de l’autre peinture en cours. Le peintre ne voit plus la forme, l’échelle devient trop grande et il se situe au cœur du faire. L’accès à sa peinture ne peut se faire dès lors qu’à la dérobée. Dans les Greffes, on prête plus attention à la couleur de la pâte à modeler qui prolonge les branches qu’aux branches elles-mêmes. Cette hybridité nous amène ainsi à regarder de biais les sujets de Jean-Marc Urquidi. Non pas seulement pour ce qu’ils sont sur le blanc de la feuille mais pour ce qu’ils fuient toujours.

Repères biographiques

1968 Naissance à Bayonne, France

1994 Diplômé des Beaux-Arts de Nîmes

 

  • Dates : 25 Sep 2021 - 8 Nov 2021

ART CONTEMPORAIN – DESSIN CONTEMPORAIN

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