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LYON > Aux pays des merveilles, acte 2

15 Juin 2022 - 2 Juil 2022

 

HORS LES MURS LYON, 3 RUE PLÉNEY

L’imagination est-elle encore une qualité pour un artiste contemporain ? Si l’on parle facilement de l’originalité, de l’intelligence de l’artiste, la galerie Vachet-Delmas tient à cette capacité à rêver et à envisager d’autres mondes. Pour ce deuxième volet d’Aux pays des merveilles, pour ce retour dans les pas d’Alice et des mondes parallèles, les mots récurrents du Cavalier Blanc reviennent, et comme une devise, pourrait rassembler les artistes et leurs savoirs-faire : “C’est de mon invention”. Là où le personnage de Lewis Carroll justifiait l’existence d’objets moins pour leur fonction que par le fait de les avoir fabriqués lui-même se noue une des spécificités de l’œuvre d’art. Yoann Estevenin joue de plus en plus avec les usages de l’objet mais ses masques se moquent d’être portés ; ils évoquent une part de rituel. Deux yeux, une bouche et le reste appartient au monstre, à ce qui s’improvise sous les doigts, plus ou moins animal, plus ou moins végétal. Au travers de ses pastels et de ses céramiques, l’artiste donne vie à des images sensuelles, et nous amène à apprécier ici le brillant d’un émail, là un aspect tactile du papier et surtout la finesse du dessin qui réserve sans cesse des surprises.

Pierrick Naud qui pratique également l’assemblage a trouvé dans la terre et le moulage une plasticité pour déployer son imaginaire. En prenant l’empreinte de réels objets et en les associant, il prolonge en volume son travail du dessin. L’artiste s’attache à rendre les images et leurs intrications tangibles par des effets de textures. La lumière même qui est exacerbée par les contours du graphite creuse des volumes et concrétise au noir cette alchimie des rêves. En poète, Pierrick Naud propose des titres qui ne sont pas sans faire penser à René Daumal et à la magie qu’il prête aux mots pour transfigurer l’expérience du réel. Si l’image est devenu un langage, le véhicule de milles pensées quotidiennes alors il faut sans cesse la dérouter, la recomposer. C’est aussi l’une des convictions de Julien Perrier pour qui le merveilleux est moins dans les œuvres que dans le processus artistique. Il évoque ainsi moins ses sujets que ses techniques de fonte ou de modelage qui perpétuent un enchantement de la main et de ce qui peut surgir de la matière même.

Julien Perrier voit dans son travail la réactualisation d’un geste prométhéen ; parce qu’il touche au feu, parce qu’il touche au rêve. Le merveilleux est ainsi et comme le promettait Breton toujours beau : “ n’importe quel merveilleux est beau, il n’y a même que le merveilleux qui soit beau.” En réaffirmant la place du savoir faire et en attachant un soucis du beau qui ne soit pas classique, la galerie Vachet-Delmas présente les oeuvres d’Etienne Viard; des haïkus d’acier et de géométrie qui nous emmène du côté de Flatland et d’Edwin Abbott Abbott. Dans ses formes, Etienne Viard déjoue la gravité et les lourdeurs du monde réel, par les équilibres qu’il crée entre volume et plan, il esquisse des parallèles et peut-être des lieux où l’on pourrait tenir debout différemment ; des pays de merveilles.

  • Dates : 15 Juin 2022 - 2 Juil 2022

ART CONTEMPORAIN – DESSIN CONTEMPORAIN

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